Texte : Lili Spyratos(sur la base des fables d’Afrique de l’Ouest)
Interprétation: José Luis Roig, Lili Spyratos, David Tuil
Musique composée et interprétée par : David Tuil
(guitare, percussions différentes de l’Afrique, flûte)
Marionnettes, masque : Laura Gudino
Costumes : Sophie Boncser
Éclairage : Frédéric Fontaine
Affiche, graphisme : Marianna Fekete
Mise en scène, vidéo et scénographie : Monika Rusz
Photo : Denis Desailly
Spectacle créé en février 2013 au Centre culturel Madeleine Rebérioux de Créteil en coproduction avec le Théâtre de Gouvernail de Paris
Durée du spectacle : 55 minutes
à partir de 7-8 ans
Motto :
“Soyez conscient du mal que N’Daramba a fait
Pour que le Grand Génie exauce son souhait !
Dans la brousse, faible, malmené, malaimé,
N’Daramba aurait-il rêvé de réclamer
Au Grand Génie tellement d’intelligence
S’il était pourvu de force et de puissance ?
Vous jurés soyez avisés pour ce procès !
Coupable ou pas, délibérez, réfléchissez !”
(Chanson du Grand Juge)
Naissance du projet
Au commencement il y avait la volonté de défendre la diversité culturelle, la recherche “des perles rares” du patrimoine oral de l’humanité
(répertorié par l’Unesco), la découverte des contes et des fables moralisatrices, très peu jouées, mais dépositaire d’une grande sagesse millénaire. Notre projet s’inscrit dans la redécouverte des fables africaines et de leur adaptation théâtrale. Le passage de la fable à l’écriture théâtrale nous permet de faire résonner la contemporanéité de ces fables africaines méconnues à travers la richesse du jeu scénique.
Au commencement, il y avait le désir de croiser le regard des victimes, de l’accusé et des jurés pendant un procès “marionnettique”
en réfléchissant sur les questions : La fin justifie les moyens ? Nécessité fait loi ? Comment l’accusé peut-il devenir victime ? À quel moment le juge devient-il manipulateur ? Que peut être la morale partagée dans une société pluraliste où se côtoient plusieurs morales convictionnelles différentes ?
Dans notre précédent spectacle musical “Les aventures africaines de N’Daramba, du rhinocéros et de l’éléphant” les facéties du lièvre N’Daramba s’exercent au détriment de Doli l’éléphant et de Massanga le rhinocéros. Dans “Qui veut la peau de N’Daramba ?” l’affaire prend une autre dimension ! Il ne s’agit plus de biens matériels (le mil), cette fois-ci N’Daramba décide de sceller un pacte avec les forces de la Nature incarnée par le Grand Génie de La Brousse… Son ambition est d’acquérir plus d’intelligence, mais à quelle fin ? Au détriment de qui ? L’enjeu est de taille !
Pour y parvenir N’Daramba devra faire de nouvelles victimes (oiseaux, biche, serpent). Ce sera le coup de trop… Les animaux se rebiffent et réclament justice. Le juge convoque notre héros. N’Daramba doit rendre des comptes au village.
Comment ce voyou poétique de N’Daramba va-t-il se sortir de ce mauvais pas ? Quelle place au sein de la nature et de la société (le village) lui est-il accordé par le Grand Génie de la Brousse ? Enfin, le juge trouvera-t-il le moyen de faire régner la justice dans ce territoire somme toute bien humain ?
Note d’intention
“Tu peux être en palabre avec le lièvre, il faut reconnaître qu'il court plus vite.”
(proverbe africaine)
Je voudrais faire le procès d’un voyou-poète, d’un bon vivant rusé, d’un opportuniste, d’un ambitieux hors normes, un être en dehors des cadres. N’Daramba tel un funambule pitoyable, mais glorieux. Un sauvage que les règles morales n’auraient pas encore dompté.
En marge de la société, mais encore impliqué, parce qu’il veut la changer, la dénoncer, l’améliorer. Enfin, un grand rêveur.
Comme un adolescent du 21e siècle.
Le procès est le moment de rupture.
“ … J’essaie de montrer l’ambiguïté du personnage “N’Daramba” et du système judiciaire représenté par un juge marionnettique, coincé dans un petit cadre, au sommet d’une montagne de papiers et de dossiers à traiter. Les victimes sont des êtres naïfs ou égocentriques, des personnages prétentieux, avec une auto-estimation énorme comme une cruche d’eau.
Tout ce monde est réglé, déterminé et dominé par le Grand Génie de la Brousse, un vieil homme fatigué qui ne veut qu’être laissé en paix, sans être dérangé dans sa sieste infinie.
Parce qu’il faut donner des épreuves à chaque être sur terre, le Grand Génie fait son travail en ouvrant un œil, en répondant à la demande d’un lièvre agité”.
(extrait du journal de travail du metteur en scène)
La hiérarchie des mythes africains est représentée dans son intégralité :
Le Grand Génie de la Brousse (valeur métaphysique)
↓
Le Grand Juge (dépositaire de l’ordre moral terrestre)↓
Serpent (symbole du danger et du risque mortel)↓
Oiseau (symbole de la légèreté)↓
Gazelle alias Dame Biche (symbole de la maternité et de la séduction)↓
Lièvre alias N’Daramba (symbole de faiblesse et de rapidité corporelle et intellectuelle)
L’oiseau s’oppose au serpent comme le symbole du monde céleste à celui du monde terrestre.
Dans la lignée de la fable moralisatrice, cette pièce s’attaque à la ruse et à ce qu’elle induit : la manipulation, la porosité entre le bien et le mal, le rapport à l’Autre et l’instrumentalisation et l’ignorance de l’Autre.
L’originalité de cette proposition théâtrale est l’imbrication des valeurs morales africaines et de l’éthique occidentale.
Notre défi est de trouver un langage théâtral où se mêlent burlesque et réel, comique et merveilleux. La composition musicale originale est en osmose avec le jeu burlesque.
L’apport des marionnettes créées avec trois techniques différentes (marionnettes portées, corps castelet, poupée en cadre) et de la vidéo enrichit la poésie et la magie de la fable.